Nolita
Broum.
Une Citroën rouge démarre, laissant derrière elle une baraque de plage, et une épaisse volute de fumée.
Alice tousse. Empiler les chaises du restaurant n'est pas la tâche la plus passionnante qu'on eu pu lui confier, mais elle se satisfait de pouvoir en faire son gagne pain.
La plage n'accueille plus grand monde. Elle s'autorise à y jeter un regard furtif, suffisamment court pour que son esprit ne divague, suffisamment long pour apprécier le paysage.
- Merci, ma biche.
Adèle, la patronne du bar, une grande brune un peu forte et au parfum d'huile trop prononcé, lui prend la dernière pile de meubles des bras.
- Passe le bonjour à ta mère.
Alice acquiesce silencieusement, souriant du coin des lèvres.
Elle récupère son sac, pendu à un porte manteau rustique et de toute évidence en fin de vie, qu'elle jette par dessus son épaule.
Adèle la regarde s'éloigner.
La route jusque chez elle n'est pas très longue.
D'ici au restaurant, il lui faut un petit quart d'heure à pied. Certes, elle aurait pu couvrir cette distance en transport, mais Alice chérissait ce trajet, la réflexion de la marche, la symphonie des vagues. Qu'il pleuve ou qu'il neige, rien n'y changeait.
Les pas s'enchainent. Le petit vieux à la maison bleue est assis devant sa porte. Il est toujours gaï. Ils se saluent.
Sifflet.
De fausses sirènes quittent la berge de bitume pour en rejoindre l'autre bout. Celle en rouge arrive la première.
Alice a froid. Les cours de natation sont chiants. A cause de sa proximité avec la mer, l'école met un point d'honneur à entrainer son équipe de natation, entrainant les moins aquatiques dans leur folie. L'eau est dangereuse.
Caroline, dans son maillot de bain noir, des lunettes de piscine rabattues sur le front, rappelle Alice parmi les mortels depuis le bord du coin d'eau.
- Tu te mouilles pas ?
Alice fait "non" de la tête.
- J'aime pas l'eau.
Caroline hausse un sourcil, l'air peu convaincue.
- Bientôt tu vas me dire que tu sais pas nager. T'as fait croire à Michou qu't'avais tes fouffes ?
Une femme d'une cinquantaine d'années en culotte de bain et T-shirt blanc donne des indications à des nageuses de l'autre côté du bassin. Alice lâche un petit rire, souriant du coin des lèvres.
- Ouais. J'vais devoir trouver autre chose pour le prochain cours.
- Dis-lui qu't'as des poux.
- Hein ?! Mais c'est dégueulasse !
- C'est dégueux mais ça marche. Hé... Si ça s'trouve c'est pour ça qu'elle se mouille jamais. Elle aura des petites techniques à te donner.
Argumente Caroline, accompagné d'un clin d'oeil.
Elles rient.
Les effluves nauséabondes des vestiaires frappent les narines des plus terriens. Cacophonie nudique. Le bleu les englobe. On échange des pensées.
Dans le fond, un banc de filles s'affaire autour de Sophie, dans son maillot rouge.
- Comment tu fais pour nager aussi vite ? Trop forte !
Elle ne leur répond pas.
Alice leur jette un regard désintéressé, range son maillot et termine de se sécher les cheveux.
Elle referme son sac à dos, se tournant vers Caroline.
- On se retrouve pour manger demain ?
Caroline acquiesce.
Les nuages sourient aux curieux.
Une grande femme sans visage dépose sur un râtelier les restes d'un dîner fastidieux.
Alice se jette sur une chaise de gamer. Sa chambre est bleue. Un poster de Britney Spears fait de l'oeil à la fenêtre grande ouverte.
Le lit est défait. Ses vêtements trainent au sol. Elle lance une playlist sur son ordinateur, s'allonge, se redresse.
On toque. Sa maman passe la tête par l’entrebâillement de la porte avant de s'avancer. Elle se positionne derrière Alice, caressant les cheveux de sa fille.
- Adèle est passée ce matin. Elle est très contente de ton travail.
Alice lève les yeux de son ordinateur pour sourire à sa mère, qui lui caresse toujours les cheveux.
- C'est très gentil à toi de lui tenir compagnie. Mais n'oublie pas de prendre du temps pour toi. Voir des copines, sortir en ville.
Alice roule des yeux, se tournant vers sa mère, qui perd la mèche de cheveux qu'elle démêlait.
- Je les vois à l'école, c'est suffisant. Puis imagine si Caro venait régulièrement. Vous fomenteriez un complot planétaire pour me trouver un mec, une voiture, un chien et 3 poneys.
Sa maman sourit. Elle époussette la chemise d'Alice.
- Deux poneys. Et une machine à faire des glaces.
Alice secoue la tête, amusée. Elles échangent un regard complice.
- Bon, je file ! Ton chèque est sur la table !
La maman quitte la pièce en sautillant. Alice la suit du regard, faisait faire une petite rotation à son siège.
La porte d'entrée claque.
Dans la cuisine, Alice ouvre l'enveloppe posée sur la table.
Adèle y a glissé un petit mot et un billet supplémentaires. "Pour te faire un petit plaisir sans attendre!"
Alice regarde par la fenêtre.
Une Citroën rouge démarre, laissant derrière elle une baraque de plage, et une épaisse volute de fumée.
Alice tousse. Empiler les chaises du restaurant n'est pas la tâche la plus passionnante qu'on eu pu lui confier, mais elle se satisfait de pouvoir en faire son gagne pain.
La plage n'accueille plus grand monde. Elle s'autorise à y jeter un regard furtif, suffisamment court pour que son esprit ne divague, suffisamment long pour apprécier le paysage.
- Merci, ma biche.
Adèle, la patronne du bar, une grande brune un peu forte et au parfum d'huile trop prononcé, lui prend la dernière pile de meubles des bras.
- Passe le bonjour à ta mère.
Alice acquiesce silencieusement, souriant du coin des lèvres.
Elle récupère son sac, pendu à un porte manteau rustique et de toute évidence en fin de vie, qu'elle jette par dessus son épaule.
Adèle la regarde s'éloigner.
La route jusque chez elle n'est pas très longue.
D'ici au restaurant, il lui faut un petit quart d'heure à pied. Certes, elle aurait pu couvrir cette distance en transport, mais Alice chérissait ce trajet, la réflexion de la marche, la symphonie des vagues. Qu'il pleuve ou qu'il neige, rien n'y changeait.
Les pas s'enchainent. Le petit vieux à la maison bleue est assis devant sa porte. Il est toujours gaï. Ils se saluent.
Sifflet.
De fausses sirènes quittent la berge de bitume pour en rejoindre l'autre bout. Celle en rouge arrive la première.
Alice a froid. Les cours de natation sont chiants. A cause de sa proximité avec la mer, l'école met un point d'honneur à entrainer son équipe de natation, entrainant les moins aquatiques dans leur folie. L'eau est dangereuse.
Caroline, dans son maillot de bain noir, des lunettes de piscine rabattues sur le front, rappelle Alice parmi les mortels depuis le bord du coin d'eau.
- Tu te mouilles pas ?
Alice fait "non" de la tête.
- J'aime pas l'eau.
Caroline hausse un sourcil, l'air peu convaincue.
- Bientôt tu vas me dire que tu sais pas nager. T'as fait croire à Michou qu't'avais tes fouffes ?
Une femme d'une cinquantaine d'années en culotte de bain et T-shirt blanc donne des indications à des nageuses de l'autre côté du bassin. Alice lâche un petit rire, souriant du coin des lèvres.
- Ouais. J'vais devoir trouver autre chose pour le prochain cours.
- Dis-lui qu't'as des poux.
- Hein ?! Mais c'est dégueulasse !
- C'est dégueux mais ça marche. Hé... Si ça s'trouve c'est pour ça qu'elle se mouille jamais. Elle aura des petites techniques à te donner.
Argumente Caroline, accompagné d'un clin d'oeil.
Elles rient.
Les effluves nauséabondes des vestiaires frappent les narines des plus terriens. Cacophonie nudique. Le bleu les englobe. On échange des pensées.
Dans le fond, un banc de filles s'affaire autour de Sophie, dans son maillot rouge.
- Comment tu fais pour nager aussi vite ? Trop forte !
Elle ne leur répond pas.
Alice leur jette un regard désintéressé, range son maillot et termine de se sécher les cheveux.
Elle referme son sac à dos, se tournant vers Caroline.
- On se retrouve pour manger demain ?
Caroline acquiesce.
Les nuages sourient aux curieux.
Une grande femme sans visage dépose sur un râtelier les restes d'un dîner fastidieux.
Alice se jette sur une chaise de gamer. Sa chambre est bleue. Un poster de Britney Spears fait de l'oeil à la fenêtre grande ouverte.
Le lit est défait. Ses vêtements trainent au sol. Elle lance une playlist sur son ordinateur, s'allonge, se redresse.
On toque. Sa maman passe la tête par l’entrebâillement de la porte avant de s'avancer. Elle se positionne derrière Alice, caressant les cheveux de sa fille.
- Adèle est passée ce matin. Elle est très contente de ton travail.
Alice lève les yeux de son ordinateur pour sourire à sa mère, qui lui caresse toujours les cheveux.
- C'est très gentil à toi de lui tenir compagnie. Mais n'oublie pas de prendre du temps pour toi. Voir des copines, sortir en ville.
Alice roule des yeux, se tournant vers sa mère, qui perd la mèche de cheveux qu'elle démêlait.
- Je les vois à l'école, c'est suffisant. Puis imagine si Caro venait régulièrement. Vous fomenteriez un complot planétaire pour me trouver un mec, une voiture, un chien et 3 poneys.
Sa maman sourit. Elle époussette la chemise d'Alice.
- Deux poneys. Et une machine à faire des glaces.
Alice secoue la tête, amusée. Elles échangent un regard complice.
- Bon, je file ! Ton chèque est sur la table !
La maman quitte la pièce en sautillant. Alice la suit du regard, faisait faire une petite rotation à son siège.
La porte d'entrée claque.
Dans la cuisine, Alice ouvre l'enveloppe posée sur la table.
Adèle y a glissé un petit mot et un billet supplémentaires. "Pour te faire un petit plaisir sans attendre!"
Alice regarde par la fenêtre.